Je reviendrai, par Niki

1 juillet 2013

Temps de lecture : 2 minutes

Transcription et adaptation en français de l’histoire audio en grec

Je m’appelle Niki et j’habite dans le centre d’Athènes, près d’Omonia. Ma vie est un peu étrange, comme tout le monde. À partir de 2003, elle est encore plus étrange. Cette année-là, je tente d’éviter l’homme avec qui je suis mariée et séparée, un Marocain, et voilà que je rencontre un Grec d’Asie mineure, puis un Kurde avec qui je reste jusqu’en 2011, un homme très bien d’accord, mais différent de moi, un voyageur.

Certains jours, sans raison, il ouvre la porte et part, ça peut durer vingt jours, puis il revient comme une fleur. Beaucoup de musulmans ont cette tendance à fuir, je trouve. Lui sent qu’il est en permanence pourchassé par le fantôme de son père. Mais en 2011 il allait très bien, et ce jour-là il s’est habillé avec soin, m’a juré sur le Coran qu’il allait place Klafmonos, près d’Omonia, voir des amis, et deux jours plus tard il m’appelle pour me dire qu’il est au Kurdistan irakien, qu’il n’a pas eu le courage de m’en parler.

Deux mois avant son départ, j’ai eu un sérieux problème de santé, mais il n’en a rien su, je voulais cacher ma maladie, mes chances de vivre étaient minimes. Après son départ, ma vie s’est écroulé. J’ai quand même obtenu le divorce d’avec mon premier mari, le Marocain, j’ai chassé le Grec d’Asie mineure.

Ma seule vraie consolation, c’était mon chien, Nelos. J’ai même créé mon adresse email à partir de son nom : Nelxat arobase quelque chose, la moitié – Nel – c’est son nom et l’autre moitié c’est le mien. De toute façon, à ce moment-là, j’étais à l’article de la mort. Les médecins disent que c’est un miracle que je sois encore en vie.

Je rencontre un autre homme, un Algérien qui ne sait pas où dormir. Je lui donne une chambre, il m’aide à réparer certaines choses dans la maison qui est vieille, on couche ensemble deux ou trois fois. Un jour qu’il est sur la place Attikis, il est victime d’une agression raciste et décide de quitter ce pays de dingues. Il ne supporte pas, il se sent humilié, alors un jour il ouvre la porte et me dit : « Niki je vais revenir dans vingt-cinq jours ». De toute façon il n’habitait déjà plus chez moi. Quelques jours plus tard, il m’appelle et me dit qu’il a passé la frontière, qu’en Grèce il ne voit aucun espoir. Je le remercie de la bonne nouvelle et lui souhaite le meilleur, lui qui m’a soutenu tout le temps où j’ai failli mourir.

Au même moment, mon Kurde redébarque à Athènes, mais il apprend que j’ai un ami algérien et n’ose pas me contacter, ni venir me voir, il ne sait rien de ma maladie.

Finalement il apprend que l’Algérien est parti, et tente de m’approcher, mais il me voit dans le quartier d’Exarchia avec mon neveu qui est grec africain, alors il s’imagine que c’est mon nouveau compagnon…

Niki, traduit du grec par Lamia Bedioui et adaptée par François Beaune et Fabienne Pavia