Souvenirs de Tunisie

2 avril 2013

Temps de lecture : 4 minutes

Vingt-cinq Décembre; deuxième jour de mon voyage en Tunisie. L’avion de la compagnie aérienne nationale Tunisair Express nous ramenait de Tunis à l’île de Djerba, où il y avait la célèbre ville de Houmt Souq. Selon le programme, on arriverait à Djerba à 9h. Alors quand l’avion fut prêt à atterrir à l’aéroport de Djerba, je regardai ma montre. Il était huit heures cinquante-cinq.
Un instant plus tard, je sentit une légère agitation lorsque l’avion commençait sa descente, immédiatement suivie d’une violente secousse qui dura environ 10 secondes. J’étais surpris car je ne comprenais pas ce qui s’était passé. J’entendis un cri derrière moi. Je réalisai immédiatement que quelque chose d’anormale se passait. Je recommandai à toute ma famille de se calmer et d’ouvrir le coffre à bagages pour récupérer les affaires.
Je me levai, et je me tournai pour regarder en arrière. Je vis les membres de ma famille quitter leur siège et se diriger vers l’allée. Rapidement, je fis quelques marches vers eux, quand soudain, je sentis de la fumée. Une pensée traversa mon esprit: « Juste une explosion et tout cela va se finir !”. En jetant un coup d’oeil dans la fenêtre, je vis que l’avion n’avait pas atterri sur la piste en béton mais se trouvait dans un champ de blé, sa queue en feu. La fumée se répandait partout.
Chance inattendue, chacun d’entre nous, y compris les cinq membres de ma famille et moi, étions en sécurité. Je rappelai immédiatement à tout le monde de fuir rapidement.
Sur le vol, il y avait soixante-cinq personnes en total, dont l’équipage, en plus des cinq personnes de ma famille. Tous étaient des touristes en provenance des États-Unis, la France, les Pays-Bas, la Corée du Sud, … Tous avaient survécu.
L’endroit où l’avion avait atterri d’urgence était à environ huit kilomètres de l’aéroport et à environ deux cent mètres des autoroutes. Dès l’arrivée de l’avion, des camions de pompiers étaient présents et plusieurs cherchaient à éteindre le feu, mais comme ils ne pouvaient pas s’approcher de l’avion, ils avaient dû étendre les tuyaux. Cependant, ce n’était pas efficace.
Il était déjà neuf heures du matin, mais le soleil n’avait pas encore dissipé le brouillard. Il faisait assez froid. C’était touchant de voir les pauvres agriculteurs enlever leur veste et leur châle pour couvrir les enfants, donner des sandales aux femmes occidentales inconnues souffrant de froid et de peur.
Par terre, de nombreuses mallettes, valises, sacs à dos étaient rassemblés aux bords de la route par des volontaires pour faciliter leur trouvaille par leur propriétaire. Il y avait plein de gens présents, mais il n’y avait pas eu de vol.
Quelques minutes après, deux voitures nous ramenèrent à l’Aéroport de Djerba. Quand la voiture s’arrêta devant la mosquée près de l’aéroport, je pensais que les gens croyants de Djerba nous y avait amenés pour remercier le grand aide de Dieu. Mais non ! La compagnie aérienne n’avait pas tardé à contacter les autorités locales pour emprunter la mosquée comme le refuge de notre séjour temporaire, pour éviter le froid extérieur. Descendus de l’autobus, nous avions vu des habitants transporter des matelas et des couvertures à la mosquée.
Quand tous les rescapés furent réunis dans la mosquée, le personnel médical se présenta. Ils prirent la pression artérielle, donnèrent des pansements pour les blessures légères. Les cas les plus graves avaient été immédiatement transférés à l’hôpital de Djerba. En particulier, ceux de deux passagers américains gravement brûlés qui avaient dû être amenés à Rome en hélicoptère. Plus tard, de l’eau et des gâteaux aux fruits furent distribués.
À dix heures, c’est-à-dire une heure après l’accident, le maire avait également rendu visite aux personnes en détresse. A ce moment-là, la mosquée était en désordre car certains étaient assis ou allongés, d’autres debout. Le décompte des passagers fut difficile. Par respect, le responsable ne nous avait pas demandé de nous asseoir correctement. Ils comptaient et recomptaient en arabe et en français. Parfois je voyais trois ou quatre personnes qui comptaient en même temps. J’avais compris qu’ils avaient besoin de déterminer en urgence le nombre de personnes présentes pour être en mesure de déterminer le nombre de personnes disparues.
Jusqu’à ce que la liste des passagers venant de l’aéroport de Tunis-Carthage soit envoyée, les tentatives de décomptes se multipliaient. Le travail devint plus facile après.
À onze heures, nous avions été conduits à l’aéroport. Il y avait des gâteaux, des boissons gazeuses et des goûters. Ils nous disaient que ceux qui voulaient revenir à Tunis auraient un vol spécial, tandis que ceux qui voulaient rester seraient transférés vers l’hôtel. Ma famille avait décidé de rester et nous avions été pris à l’hôtel par deux voitures.
Après un repos temporaire, jusqu’à quinze heures, nous avions été invités à manger. Tout le monde pensait que cela serait quelque chose de banal comme un sandwich, mais étonnamment, tous furent invités à un buffet somptueux. Après le repas, chacun de nous trouva des vêtements et assez d’argent pour racheter des affaires indispensables et continuer le voyage si voulu. J’étais surpris par cet arrangement si rapide.
Ensuite, les compagnies aériennes de l’avion qui s’était écrasé nous prirent en charge. Pendant 5 jours, à Djerba comme à Tunis, tous les passagers du vol furent hébergés dans des lieux équivalents à des hôtels de cinq étoiles, avec des services tels que la blanchisserie, téléphonie international libre, etc.
Je rêvais d’une vie normal, j’avais toujours peur de tout ce qui est luxueux ou brillant. Tombé dans cette situation: sans un sou dans la poche, mes bagages et affaires brulés, il ne me restait plus que ce que j’avais sur moi. Être accueilli comme une personne VIP m’avait cependant fait une agréable surprise.
Ensuite, nous avions dû faire un bilan de santé et présenter nos passeports. Mais avec ces deux choses, il y avait une navette et du personnel envoyé pour aider en cas de besoin.
Plus tard, nous visitâmes un village fabricant des objets en céramique. On apprit que nous étions des rescapés, et le propriétaire du magasin baissa immédiatement le prix de trente pour cent pour tous les produits que nous achèterions. La somme n’était vraiment pas énorme, mais leur geste nous avait touché.
Après cinq jours, toutes les procédures avaient été exécutées. Ma famille et moi vînmes à l’aéroport pour retourner à Tunis.
De retour en Tunisie, j’étais très impressionné mais je regrettais déjà. Pourquoi ne connaissais-je pas un pays qui n’est pas si loin du notre, et où les gens sont si aimables et gentils ?
Dans ma vie, je n’avais jamais rencontré un aussi grand désastre suivi une telle résolution. Je tiens à remercier les gens de la Tunisie pour avoir protégé ma famille en détresse. Notre voyage d’aujourd’hui est inachevé, mais ce sera certainement un autre voyage enrichissant. Un pays avec de telles personnes mérite d’être exploré.