Les 90 ans de la « libération » d’Izmir par les Turcs

12 septembre 2012

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MVI_0589 (vidéo d’avions de guerre simulant une attaque sur Izmir)

Sur le sujet de la « destruction de Smyrne », un ami poète et kiné, Xavier Laîné, m’avait conseillé le livre d’un historien anglais, Giles Milton, que celui-ci s’est amusé à intituler en référence à son nom de famille Le Paradis perdu : 1922, la destruction de Smyrne la tolérante. Je n’en suis qu’au début, mais la description que fait Milton (l’historien, pas l’autre), à partir de lettres et journaux de l’époque, de cette ville cosmopolite aux deux tiers chrétienne, véritable cheval de Troie en terre d’Islam, avec sa communauté grecque, arménienne, américaine, française, anglaise… et la destruction qu’elle a subie en même temps qu’elle se dépeuplait, pose de nombreuses questions sur l’Izmir d’aujourd’hui : qu’a-t-elle pu conserver de sa splendeur d’antan ? Que reste-t-il de ce cosmopolitisme, du caractère exceptionnel de cette baie en croissant ?

Je ne suis là que depuis trois jours, mais déjà à noter qu’Izmir est la seule ville importante qui ne soit pas AKP en Turquie, mais dans l’opposition PRD, ce qui peut signifier ou pas que la population d’Izmir résiste à la politique d’islamisation de la société d’Erdoghan. La lutte avec le pouvoir central est féroce, et la bataille a lieu au niveau juridique : pour tout un tas de mauvaises raisons, une cinquantaine de conseillers municipaux d’Izmir font régulièrement de plus ou moins longs séjours en prison, m’a-t-on dit.

Pour mon arrivée, le 8 au soir, un magnifique incendie s’est déclenché, dans un ancien entrepôt vide de Teker, le monopole des tabacs alcool et allumettes, où venaient se réfugier quelques clochards pour la nuit, en plein dans le quartier central, animé, d’Alsançar. Les cendres pleuvaient sur nous à quatre heures du matin, et je demandais ce qui avait pu causer l’incendie, qui nous ramenait 90 ans en arrière : un accident peut-être, ou encore un incendie volontaire, pour récupérer le terrain, faire des parkings ou des habitations…

Les avions de l’armée l’après-midi du 9 nous ont ensuite traditionnellement, comme chaque année, bombardé de figures toutes plus rassurantes les unes que les autres. Tout le monde s’est senti bien protégé et fier d’être turc. Les pilotes maîtrisaient vraiment bien, et s’il y a une guerre d’Israël & alliés contre l’Iran après les élections américaines, il faudra compter sur eux.

Pour le plaisir, encore une petite vidéo de ce ballet aérien musclé :