Une journée d’école pas comme les autres

23 février 2012

Temps de lecture : 3 minutes

Je me souviens de l’année 2001. C’était une année très mouvementé à Tizi-Ouzou et partout en Kabylie. Tout commença le 18 Avril à la veille de la commémoration du printemps berbère célébrés le 20 Avril de chaque année et ce depuis 1980, où des gendarmes ont lâchement assassiné Guermah Massinissa, un jeune lycéen dans les locaux même de la gendarmerie de Beni-Douala.
L’information se répand très vite, des centaines de personnes sortent dans la rue pour protesté à Beni-Douala d’abord puis afflue vers la ville de Tizi-Ouzou. Ces manifestations ont été vite réprimées par les CRS avec des gaz lacrymogènes et des balles réelles. Plusieurs morts et blessés ainsi que de centaines d’arrestations ont été enregistrées.

Lien \ »Printemps noir\ » Wikipedia

Pendant plus d’une année la Kabylie a vécu quotidiennement au rythme de marches pacifiques, d’émeutes et de grèves générales.
Je me souviens, j’étais en 1éme année au collège Amyoud Smail appelé également C.E.M Sud (classe d’enseignement moyen), à moins de 100m de mon collège se trouve une prison. Comme je vous l’ai dit, pendant cette période des marches sont organisées chaque jour et comme la police, dans la plupart des cas, ne laisse pas les gens faire leur marche pacifique ou dévie leur itinéraire initiale, la marche dégénère vite en émeute.
Un jour, alors qu’on était en classe, au cours de Français si je me rappelle bien, un jeune homme rentre dans notre classe et nous lance : « les cours sont fini, vous devez tous sortir, tous les lycées et collèges de Tizi n’auront pas cours aujourd’hui ».
Tous les élèves étaient contents, on cherche toujours une occasion pour ne pas étudier !notre enseignante n’a pas eu le temps de contester que tous les élèves sont déjà sortis. On retrouve tous les autres élèves dans la coure du collège. Pour bien vous situé, notre collège a deux portails ; l’un du coté Nord qui donne directement au bâtiment du directeur et toute l’administration et l’autre au Sud celui-ci ne s’ouvre qu’aux heures de sortie de classe 12h et 17h. Comme ce n’était pas prévu que nous sortions à cette heure-ci, il n’y avait que le portail Nord qui était ouvert, ce dernier a vu afflué à peu prêt 900 collégiens qui se dirigeaient soit en bas vers « la nouvelle ville » soit en haut vers le quartier « khodja khaled » et où se situe la prison.
Déjà en sortant, on a remarqué les agents de la CRS qu’on apercevait à la montée de la rue menant vers la prison, mais avec toutes ces émeutes on s’est habitué à leurs vu, dés qu’on voyait une fumée noir et une odeur de pneu brulé ou de bombe lacrymogène on savait que dans tel quartier y’a des affrontements et on évitait d’y passer et puis c’est tout. Mais là y’a deux chemins seulement, à gauche vers « Khodja Kahled » ou à droite vers la « nouvelle ville » et à première vue ils se sont mis en rangs mais y’a ni odeur de lacrymogène , ni de pneu. Automatiquement, les élèves ont suivit l’itinéraire habituel menant à leur maison, donc moi j’ai pris le chemin vers la « nouvelle ville » avec ma copine. Tout d’un coup j’entends des cris et les élèves qui commençaient à courir toute la pente, y’a une odeur bizarre qui me picote la gorge, mes yeux commencent à larmoyer. Je réalise que les CRS nous bombardent avec les gaz lacrymogènes, la rue était pleine d’élèves, je sais même pas où je mets les pieds, je cours mais je vois rien, je vois plus ma copine ! Mes yeux sont en larme on me bouscule : arrêtez de me bousculé !! Je cours et je rentre dans un bâtiment, je retrouve beaucoup d’élèves qui se sont réfugiée chez les voisins, ces derniers nous donnent de l’eau et du vinaigre pour se nettoyer les yeux et la bouche du gaz lacrymogène.
Le calme revient près quelques minutes, on a su après qu’un sit-in était organisé au niveau de la prison pour exiger la libération des détenus arrêtés lors des émeutes, et que la police croyait que les élèves ayant pris la route vers « Khodja Khaled » allaient les rejoindre, heureusement que personnes n’a été blessé. Finalement, y’a eu plus de peur que de mal.

Lynda Aya – Texte / Text
Histoire écrite en français / Story written in French