Rachida Dati est-elle une histoire vraie?

9 février 2012

Temps de lecture : 2 minutes

Je retombe ce matin sur cette histoire émouvante que j’avais découpée dans le 20 Minutes du 11 Mars 2011 (http://www.20minutes.fr/societe/685204-societe-les-deux-assassins-revaient-amant-dati-vont-etre-juges) :

Rachida si désirable derrière des barreaux

Alfredo Stranieri et Germain Gaiffe, deux des assassins les plus violents de ces quinze dernières années, comparaissent devant la 6e chambre correctionnelle de Versailles pour outrage. Depuis des mois et du fin fond de leur cellule, ils revendiquent tous les deux être le père de la fille de l’ancienne garde des Sceaux.

En septembre 2010, Stranieri, condamné à perpétué pour avoir tué et enterré dans des jardins quatre personnes, et Gaiffe, trente ans de prison pour avoir tué et démembré un homme, postent tous deux, de la prison de Poissy, une lettre identique adressée à la mairie du XVIe arr. Ils clament être le père de la fille de Rachida Dati et joignent une déclaration de paternité.

Puis lors d’une audience, Gaiffe se montre provocateur en portant un pull où est inscrit : « Je suis le père de Zohra ». Interrogés, les deux hommes expliquent alors avoir partagé un moment d’intimité dans une pièce avec la ministre venue visiter leur prison en décembre 2007, plus d’un an avant son accouchement. Une histoire d’hurluberlus qui correspond bien à la personnalité de Stranieri. Arrêté en 1999, « le tueur aux petites annonces » était aussi surnommé « le Coucou ». Après avoir éliminé ses victimes, il s’installait dans leurs meubles et s’appropriait leur identité. Enfermé, Stranieri continue à s’inventer des vies.

(Au passage, quoi de plus normal que de fantasmer sur la Garde des sceaux quand on est derrière des barreaux ?…)

De la même manière, en mai 1999, au Congo, un poisson est née dans le ventre d’une patiente : 

Omba Ocha a été maraboutée, dit l’article de presse. Elle a quelque chose de mystérieux dans le ventre. C’est certainement un poisson Nzambo, un type d’anguille qui porte deux boucles d’oreilles en or fixées aux nageoires. » (trouvé dans la collection de Faits divers établie par Martin Monestier).

Un fait divers est-il une histoire vraie? Il y a-t-il des faits divers qui correspondent à la définition de Paul Auster : something short, with a beginning and an end; something raw, close to the bone? (quelque chose de court, avec un début et une fin; quelque chose de brut, au plus proche de l’os).

Le fait divers, par sa présence sur la place publique, transforme l’histoire vraie de ces deux prisonniers ou de la pauvre Omba Ocha en un fait monstrueux, au sens propre : quelque chose qui se montre, une pirouette de cirque. Il faudra être attentif à ce phénomène quand il s’agira en 2013, à la fin de la collecte, d’ouvrir les portes de la bibliothèque afin de montrer les histoires au public.