Le postulat du même

20 janvier 2012

Temps de lecture : < 1 minute

Jean-Pierre Vernant affirmait que les problèmes de la condition humaine, avant même la philosophie grecque, ont été abordés par des petites histoires marrantes et dramatiques, les mythes, l’Odyssée, (qui n’est autre que l’histoire d’un homme : Odysseus, c’est-à-dire Ulysse). Quelles sont aujourd’hui ces petites histoires marrantes et dramatiques, ordinaires et singulières, qui nous servent de mythologie et nourrissent nos vies?
À une époque mondialisée, où tout a été découvert, ni les îles désertes ni les cyclopes n’ont encore leur place au cœur de la réalité, c’est-à-dire en deçà du réel : c’est le récit en lui-même qui crée le mythe, aussi banale que soit l’histoire. Les destins, racontés, retrouvent le souffle de l’épique.

Reprenant une citation d’Ossip Mandelstam, Gilles Deleuze (que j’ai traité de vieux con hier, mais il n’était pas que ça) disait que la mémoire ne devrait pas travailler à reproduire mais à écarter le passé. A la différence des folkloristes de la fin du XIXe siècle, qui se sont aventurés dans les campagnes françaises pour recenser les chants, histoires et patois paysans, nous ne tenons pas à sauvegarder, mettre en conserve la mémoire méditerranéenne, mais au contraire à proposer de la matière première neuve, pour voir et penser le monde d’aujourd’hui.

D’autre part, nous ne sommes pas en quête d’exotisme, nous ne cherchons pas à comparer le druze de Beyrouth et l’Arménien de Marseille, le caractère des Marocains et celui des Catalans, mais au contraire à croiser les histoires dans l’hypothèse qu’elles se ressemblent. Nous partons du postulat que les mêmes soucis et les mêmes aspirations nous constituent, que nous sommes semblables avant d’être différents, hommes avant d’être membres de nos Etats-Nations.